mercredi 31 décembre 2014

L'amour à l'âge de pierre (et avant)

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Au début des temps, peu après que l'homme ne descende du singe qui le portait jusque là sur son dos, la savane africaine s'agita d'un vent de poésie.
Alors que chasser et dormir demeurait le seul passe temps des hommes préhistoriques, s'aimer devint une occupation prioritaire.
On dit souvent que l'homme préhistorique était moche et con. Et qu'en plus, il puait, car il se lavait peu et était recouvert de poils dégueulasses partout sur le corps. C'est vrai, mais à l'époque il n'y avait pas encore la culture de l'esthétisme, et pour les femmes préhistoriques, l'homme était un animal fort attrayant.
C'est à cette époque que notre ancêtre a adopté la posture debout. Marcher à quatre pattes l'empêchait de  déambuler avec sa compagne main dans la main, et l'amour devenant une question sérieuse, il fallait remédier à cela.
Mais, qu'est l'amour, en ces temps reculés ?
Peut on parler de rapport sentimental, peut on penser que ce rapport se nourissait de questionnements existentiels sur l'altérité, l'attirance, la dépendance à l'autre ?
Bien sûr que non. En ces époques sauvages, l'homme ne possède encore qu'un petit cerveau, lui permettant tout au plus de vaguement coordonner ses membres. Sa sensibilité psychologique est limitée par une conception binaire du monde, qui ne le fait pas encore quitter sa place de bête élémentaire.
Pour l'homme préhistorique, les choses sont simples, il y a ce qui est bien (Oumga), ce qui est pas bien (Goumba).
La peur, ou pas la peur. Faim, ou pas faim. Mal, ou pas mal.

Dans la tête aplatie et aux os encore maladroitement joints de l'homme préhistorique, il n'y a pour le moment pas de place pour la nuance.
L'homme préhistorique agit spontanément, et sans s'interroger.

L'amour n'est donc qu'une gestion de Oumga Goumba, mais il est bien présent. L'homme sait qu'il aime la femelle car son entrejamble le lui dit. Et c'est, en ces temps, bien suffisant pour justifier une romance.

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Extraits des "réflexions sur l'histoire naturelle" de Blaise de Toucque
Vulgarisateur scientifique, conférencier, poête, agent SNCF, cruciverbiste
Récompensé mille fois pour ses ouvrages, comme "Pourquoi le Soleil fait mal aux yeux", ou "Les dinosaures mangeaient-ils trop sucré ?"

Duzel et Lussac, analystes omnipotents

Je suis Duzel, je connais l'avant, l'après, par conséquent ce qui est entre les deux et qu'on nomme parfois présent, est à la merci de mon jugement. Je peux dresser avec la plus grande objectivité, le pour et le contre des choses qui sont, car ces choses étaient et seront, et ce qu'elles sont pour l'instant mérite un petit détour par l'analyse et si possible, la critique la plus rude. Car oui, moi Duzel, je sais me plaindre.

 Lussac, sans âge, perdu entre les temps, chacun ayant ses propres lois et vitesse d'écoulement (pour simplifier, car chacun sait que le temps est une chose complexe). Au contraire de Duzel, que je respecte pour la consistance de sa régularité, de son obstination, et parfois de sa bétise, je suis moi assez brumeux et vaporeux. Je vois ce qui est, et ce qui n'est pas. Sans distinction possible à moins que Duzel, d'un coup de coude dur comme du granit, m'impose une vision des choses qui au moins, si elle n'est pas la mienne, me permet temporairement de trouver une stabilité.